Les jours avaient passé rapidement et Kara était sur le point d’accoucher. Cela pouvait arriver à n’importe quel moment et j’étais comme un soldat, prêt à partir au combat. Enfin, oui j’avais des peurs et des craintes, est-ce que je serai un bon père ? Est-ce que je saurai faire ? Tout cela était nouveau pour moi, mais pour Kara également et pour le coup, je savais que nous devrions encore plus nous serrer les coudes. Nous nous rapprochions petit à petit et cela ne me déplaisait pas, bien au contraire. C’était au milieu de la nuit que j’entendis la porte de ma chambre s’ouvrir doucement. Je me réveillai instinctivement et demandai presque en sautant du lit « Kara ? C’est le moment ? » elle me rassura directement en me disant que le bébé était calme et qu’elle voulait juste être dans mes bras. Je souris naturellement tout en lui ouvrant mes bras et me décalant dans le lit « Viens là… » Je la laissais s’installer dans la meilleure position pour elle. Ce ne devait pas être évident de dormir avec un ventre sur le point d’exploser. J’écoutais attentivement ce qu’elle était entrain de me dire et je compris qu’elle m’ouvrait son cœur, tranquillement, à son rythme. Lorsqu’elle se retrouva pratiquement face à moi, je lui caressai tendrement la joue de mon pouce et murmurai « Si tu savais depuis combien de temps j’ai envie de pouvoir te serrer dans mes bras et t’embrasser sans que tu aies peur… » Doucement, avec beaucoup de tendresse et de douceur, je lui embrassai le front, puis le nez, avant que nos bouches ne forment plus qu’une. Mon cœur se remplit de bonheur et de joie à cet instant. Je crois que les sentiments que j’éprouvais pour Kara étaient plus forts que ce que je n’osais m’avouer. Je laissais mes mains parcourir son dos pour me coller tant bien que mal à elle.

Mon cœur rêvait de plus en plus d’une belle histoire d’amour avec Kara. Je savais qu’elle avait peur et qu’elle pensait beaucoup à Brooke. Mais cela faisait plus de 6 mois maintenant qu’elle avait quitté notre monde et nos vies. Nous avions passé beaucoup de temps ensemble, jusqu’au jour où elle avait accepté ma proposition de venir vivre avec moi. Après tout, ce serait beaucoup plus simple, surtout une fois que le bébé serait là. Je l’avais accueillie dans mon lit, presque sûr que le moment de l’accouchement arrivait, mais elle me rassura sur ce point. Elle s’excusa pour le temps qu’elle avait mis avant de se décider. Je ne pus m’empêcher de sourire « Tu n’as pas à t’excuser… La situation est particulière, je le conçois, mais tout ce que je veux, c’est que nous soyons heureux, tous les trois ensemble puisque c’est ce que la vie a décidé. Moi aussi je veux être avec toi, à chaque moment » Elle me fit comprendre tout ce qu’elle ressentait avec son étreinte à la fois tendre et fougueuse. « Je suis sûr que ce ne sont pas les kilos qui te dérangent… en tout cas, moi je trouve qu’ils te vont très bien » Je la vis ensuite un peu inquiète, même si elle cherchait à me rassurer, me disant que ce devait être un coup. Puis quelques secondes plus tard, elle sembla vraiment avoir mal. A peine avait-elle fini de me dire que ce n’était pas normal qu’elle perdit les eaux dans le lit. Je ne pus m’empêcher de penser *Merde le matelas est fichu* mais je me recentrai rapidement sur Kara. Elle paraissait perdue, et même paniquée quand elle dit mon nom. Je lui pris la main et cherchai à la rassurer du mieux possible « Ce n’est rien Kara… Elle va arriver. Tu veux aller tout de suite à l’hôpital ou tu veux attendre un peu ? » J’avais tout appris par cœur et je savais que nous avions deux bonnes heures pour nous présenter à l’hôpital après la perte des eaux. Elle n’avait pas eu beaucoup de contractions pour le moment et comme je n’aimais pas spécialement les hôpitaux, je préférais y passer le moins de temps possible. Surtout quand on sait que la dernière fois que j’y étais, Brooke était décédée. Je me levais pour donner une serviette à Kara histoire qu’elle puisse s’essuyer un minimum pour être bien, tout en continuant de la rassurer et chercher le meilleur moyen de l’aider, même si je ne pouvais pas faire grand-chose à ce moment précis.

J’étais l’homme le plus heureux du monde et il ne saurait tarder à ce que j’accueille mon merveilleux bébé et rien ne pouvait me rendre plus heureux encore je pense. Kara avait surmonté ses difficultés et accepté ses sentiments, ce qui était très important pour moi. L’avoir auprès de moi était devenu essentiel, elle devenait chaque jour de plus en plus mon oxygène. Quand elle me dit qu’elle avait hâte de retrouver son corps d’avant pour me montrer à quel point elle avait envie de moi, je ne pus me retenir de sourire. « Je le sais parce que c’est exactement pareil pour moi, les kilos en moins. Je te désire depuis si longtemps… » lui murmurai-je tendrement à l’oreille avant de l’embrasser. Quand Kara perdit les eaux, je vis que la panique était entrain de la saisir. En même temps, nous attendions la petite depuis si longtemps que c’était normal que l’heure arrive. Quand elle me parla de mon matelas, j’éclatais de rire de bon cœur « Parce que tu crois que j’en ai quelque chose à faire de mon matelas ? Le plus important c’est que vous deux, vous alliez bien d’accord ? » je l’entourai de la meilleure façon possible de mes bras pour qu’elle soit confortablement installée. « Ne t’en fais pas pour le prénom, on aura une illumination quand on la tiendra dans nos bras, j’en suis persuadé » Au fur et à mesure des secondes, voire des minutes qui s’écoulaient, j’avais l’impression que Kara soufflait plus difficilement. Je lui proposais ce que nous avait conseillé les sage-femmes [b] « Tu veux prendre une douche avant de partir ? Vu ton état, je ne pense pas qu’il faut qu’on attende des heures et des heures avant de partir… »[b] Pourquoi avais-je ce préssentiment ? Aucune idée, d’autant plus que je n’étais pas du tout dans le milieu hospitalier, ni obstétrique.

Le rapprochement entre Kara et moi m’était très agréable, dire le contraire serait mentir. Je l’avais tellement espérer, d’autant plus que je savais que nous en avions tous les deux très envie. Il avait bien fallu du temps à Kara pour accepter le fait que Brooke n’était plus de ce monde et donc, qu’elle n’avait pas à dicter ce que nos cœurs souhaitaient. Du coup, je ne sais pas si c’était les prémices de ce que nous nous apprêtions à faire, mais Kara se mit à perdre les eaux dans mon lit. « Kara, oublie mon matelas tu veux bien ? » Vu que c’était son premier enfant, j’étais persuadé que nous aurions du temps, mais rapidement, elle commença à ressentir des contractions qui lui faisaient bien mal. De plus, elle avait peur parce que nous n’avions pas trouvé de prénom pour notre fille. J’avais bien une petite idée dans la tête, mais je ne savais pas si elle allait plaire à Kara. Je préférais attendre d’avoir la petite dans nos bras pour avoir un coup de foudre, autant pour elle que pour le prénom. Je me rendis compte qu’elle avait du mal à gérer sa respiration et je tentais de l’aider au mieux, sans vraiment savoir ce qu’il fallait que je fasse. Je finis par lui demander simplement « Qu’est-ce que je peux faire pour t’aider ? » Après tout, elle était la mieux placer pour me dire de quelle façon je pouvais la soulager. Finalement, elle fut d’accord avec moi et nous décidions de prendre la direction de l’hôpital. Même si nous n’avions pas des heures et des heures de route à faire, je voyais bien que Kara souffrait et cela ne me rassurait pas forcément. Je l’aidais à s’installer dans la voiture et tout se précipita. J’entendais que Kara avait vraiment mal et décidai d’appeler l’hôpital « Oui bonsoir, nous sommes en route, ma compagne est sur le point d’accoucher… Chaque combien de temps ? Euh maximum 2 minutes je dirai… oui d’accord, nous arriverons très vite merci » après avoir raccroché, je tentais de rassurer Kara « Ca va aller, ils nous attendent. Mais d’après ce que j’ai compris, ton travail est déjà bien avancé… » Je n’étais qu’un boulanger-patissier et n’avais aucune idée de combien de temps cela devrait prendre en temps normal. Mais clairement, la personne que j’avais eu au téléphone me conseilla de me dépêcher. Nous arrivions enfin sur le parking de l’hôpital. Je voulais aider Kara à sortir de la voiture, mais au même moment, elle me dit qu’elle ne pouvait pas bouger. Au moment où elle me dit que c’était trop tard pour l’hôpital, je l’aidais à se mettre par terre « Nous sommes à l’hôpital… enfin sur le parking… » à peu près au même moment, elle perdit les eaux, mais pour le coup, je n’en avais rien à faire. Je l’aidais à baisser son pantalon du mieux possible, tout en criant comme je pouvais « J’ai besoin d’aide, aller chercher quelqu’un, ma femme est entrain d’accoucher ! » J’entendis quelqu’un dire qu’il allait chercher de l’aide. AU même moment, je regardais Kara et finis par lui dire « Kara, il va falloir que tu pousses… je vois la tête… Regarde moi, Je suis là, tu en es capable, je sais que tu peux le faire d’accord ? » Après quelques poussées, je ne sais pas comment c’est possible, mais j’attrapais notre fille et la déposais sur Kara « Ca y est, elle est là… tu peux la garder contre toi » c’est à peu près à ce moment-là que je vis une équipe médicale se précipiter vers nous en courant…

Dès les premières contractions de Kara, je voulais être le meilleur copilote possible, même si je ne savais pas à quoi m’attendre ni quoi faire. Quand elle me demanda de simplement resté avec elle, je souris en lui prenant la main « Promis, je ne te lâche pas » Durant le trajet et l’appel à l’hôpital, je voyais que cela devenait de plus en plus difficile pour ma compagne. J’avais mal pour elle, mais je ne pouvais rien faire si ce n’est conduire rapidement mais prudemment quand même. Heureusement nous avons atteint le parking de l’hôpital très vite. Je plantais mon regard dans le sien alors que je voyais qu’elle paniquait totalement « Kara… tu n’as pas le choix, elle arrive. Regarde-moi, tout va bien aller d’accord ? Je te promets que tout ira bien » Ne me demandez pas comment je savais ce que je devais faire mais je suivais mon instinct qui guidait mes mains et mes gestes. Sans vraiment que je me rende compte, la tête était déjà entrain de sortir et Kara suivait mes instructions pour pousser la petite dehors. J’avais réussi à l’attraper pour la déposer contre Kara au moment où l’équipe de gynécologie arriva pour prendre le relais. Je regardais Kara s’éloigner sur le brancard avec ma fille avant de m’écrouler à genou par terre, en larmes. Je n’avais pas réalisé avant ce moment là que c’était moi qui avait sorti la petite, que c’était moi qui avait créé ce petit bout d’affaire, que j’étais papa… Une sage-femme s’approcha pour s’assurer que j’allais bien. Je réussis à hocher la tête « Oui oui, enfin je crois… je viens de mettre au monde ma fille c’est juste impressionnant » elle me fit une petite tape dans le dos en me proposant de rejoindre ma femme et ma fille. Quand je rejoignis Kara, je ne pus enlever le large sourire qui était dessiné sur mon visage. Je l’embrassais tendrement « Je suis fier de toi… et je crois que j’ai trouvé le prénom idéal pour notre princesse… » Je souris en coin, repensant à la sage-femme qui m’avait demandé comment j’allais, sur son badge était écrit un prénom auquel je n’aurai jamais pensé « Que dirais-tu de Eileen ? »