Cela faisait plusieurs mois déjà que la petite Eileen était venue nous rejoindre, Kara et moi. Depuis ce jour, nous vivions enfin une belle histoire d’amour. Tout allait bien dans le meilleur des mondes comme on peut dire. L’entreprise tournait bien, ma petite princesse grandissait de jour en jour, Kara faisait mon bonheur, oui, j’étais un homme heureux et comblé. Je profitais d’un jour de repos pour être tranquille à la maison avec Eileen. Elle était entrain de faire sa sieste, et pour ma part, je profitais de lire un bon bouquin sur la terrasse. J’entendais la sonnette de ma porte retentir et allais ouvrir. Je fus un peu étonné lorsque Charlie, ma petite sœur se blotti dans mes bras. Nous n’étions pas forcément du genre affectueux mais pour le coup, elle était contre moi. « Salut petite sœur, tu n’as pas à t’excuser, je suis aussi passablement dépassé avec la petite hein… Du temps ? Tu me fais peur… Mais oui, j’en ai toujours pour toi tu le sais très bien. Entre… » Je l’invitais à me suivre à l’intérieur et en me dirigeant vers la cuisine, je lui demandais « Tu veux un café ou autre chose ? » Je me servais un café chaud, mais remarquant que ma sœur ne répondait pas, je commençais un peu à m’inquiéter. Ce n’était pas dans ses habitudes de faire la sourde oreille. Je tentais de lui demander comment s’était passé son dernier voyage, mais toujours pas de réponse. Cette fois, c’était officiel, ma sœur n’allait clairement pas bien. Je m’approchais d’elle en l’appelant « Charlie ? Charlie, tu es sûre que ca va ? » Elle me remarqua une fois que je fus planté devant elle. Elle s’excusa et je lui fis un timide sourire « Tu veux boire quelque chose ? » Je me dirigeai à nouveau vers la cuisine, avant de revenir avec sa boisson et la poser sur la table basse devant elle. « Tu vas vraiment pas bien soeurette… Qu’est-ce qu’il t’arrive et en quoi super grand frère peut être utile aujourd’hui ? » Je fis une sorte de pose de super héros pour montrer que j’étais l’homme de la situation

J’étais content de revoir ma petite sœur. Nous avions l’habitude de ne pas nous voir durant plusieurs semaines, mais elle me manquait quand même quand elle était loin. Surtout depuis que Brooke était décédée et qu’elle avait été très présente pour moi. Mais je ne sais pas pourquoi, c’était un peu étrange de la voir comme cela devant chez moi. Elle me semblait vraiment perdue et cela ne lui ressemblait pas forcément. Elle tenta de me rassurer mais n’était pas forcément très convaincante. « Pour que tu te tournes vers moi, ca doit être vraiment important… Tu n’as tué personne j’espère ? » Quand elle fut installée sur mon canapé, je voyais qu’elle était absente. D’ailleurs, elle n’avait pas entendu mes premières demandes en ce qui concernait ce que je pouvais lui servir à boire. Quand elle me demanda un jus de fruit, j’allais le lui chercher puis m’installa à ses côtés. Elle commença à me dire qu’elle était avec Priam en Irlande. Je ne le connaissais que de nom, et cela me fit penser qu’il faudrait que je le rencontre à l’occasion quand même, surtout s’il était avec ma soeur. Mais quand le mot enceinte sortit de la bouche de ma sœur, je crachais le café que j’avais dans la bouche en m’excusant « Pardon ? Tu es enceinte ?? » Comment était-ce possible que ma petite sœur soit enceinte ? Enfin, je sais comment on fait les enfants, mais cela ne collait tellement pas à la peau de la Charlie indépendante que je connaissais que j’étais perturbé. Elle continua à m’expliquer qu’ils avaient déjà décidé, avec Priam, que la meilleure chose à faire c’était l’avortement. Un enfant ne collait pas dans leurs modes de vie et cela ne faisait pas assez longtemps qu’ils étaient ensemble. Même si je pouvais comprendre la réaction de Charlie, j’étais totalement contre l’avortement. Pourquoi ? Vu le parcours du combattant que nous avions fait avec Brooke pour devenir parents, je ne pouvais pas être pour l’avortement. Je me mis à penser à tout ce que j’avais vécu cette dernière année… Kara s’était portée volontaire pour être la mère porteuse de mon enfant, Brooke était décédée dans un accident de voiture et maintenant j’étais en couple avec Kara et le papa d’Eileen. « Charlie, tu ne peux pas décider de cela aussi rapidement… Il faut que tu prennes le temps de te poser et vraiment réfléchir aux pour et aux contres. C’est merveilleux de devenir parent… » Je ne voulais pas que ma sœur se brusque ni qu’elle se sente pas soutenue. «Je sais que c’est facile à dire, mais tu as 32 ans, tu crois pas que c’est le moment de te poser ? Enfin, peut-être que le temps veut t’envoyer un message ? » Je ne pouvais pas lui lancer comme cela que vu ce que j’avais vécu, je ne pouvais pas concevoir qu’un membre de ma famille, ma sœur qui plus est, puisse imaginer l’avortement comme option.

Je restais vraiment surpris que Charlie débarque comme cela, même si cela me faisait très plaisir de la revoir après plusieurs semaines à juste s’appeler et s’échanger des textos. Nous étions assez proches et du coup, souvent en contact, surtout depuis que j’étais devenu papa. Charlie une tata gateau ? Non juste à peine. Même si elle pouvait me faire peur avec sa façon de me dire que c’était important et qu’elle stressait. À l’annonce de sa grossesse, j’avais bien failli m’étouffer avec mon café. Elle me raconta la façon dont elle l’avait découvert. « Ah ouais quand même… j’espère qu’il te l’aura dit avec plus de tact que toi et ta façon de me l’annoncer » lui répondis-je en rigolant timidement. Ma seour était connue pour sa franchise et sa façon adorable d’aller droit au but quand elle avait quelque chose à dire. Si j’avais été plus vieux, j’aurais pu faire une crise cardiaque à son annonce. Puis elle m’expliqua que Priam et elle avait réfléchi et que ce n’était pas possible avec leurs vies actuelles de garder le bébé. Bien entendu, mon cœur se déchira totalement à l’entente de ses mots. Je pouvais comprendre son choix, mais je ne pouvais pas vraiment le concevoir au vu de ce que j’avais traversé avant d’avoir Eileen dans mes bras. Et pourtant, Charlie connaissait mon histoire. « Je sais que ce n’est pas facile comme décision… Tu n’as pas forcément besoin de rester calme, il faudrait juste éviter les voyages après 6 mois. Et puis, un enfant peut voyager avec ses parents, pour autant que vous arriviez à être au même endroit en même temps. Il fait quoi dans la vie ce Priam ? Et puis, ce n’est pas pareil de t’occuper de ta nièce ou de ton propre enfant tu sais… » Je voulais juste que ma sœur pèse vraiment le pour et le contre avant de prendre une décision que j’avais peur qu’elle regrette plus tard. Je tentais de réfléchir aux options qui pouvait s’offrir à ma sœur tout en évitant l’avortement. « Même si la grossesse n’est pas ce que tu imaginais, il y a tellement de famille qui ne peuvent pas avoir d’enfant, pourquoi ne pas réfléchir à l’adoption ? » Qu’elle n’en veuille pas, je pouvais le comprendre, mais je cherchais une solution pour l’aider au mieux. Quand je vis qu’elle se mit en boule et qu’elle me dit qu’elle avait la trouille, je m’approchais d’elle pour la serrer fort dans mes bras, tout en la berçant lentement « T’inquiète pas soeurette, je serai là quelque soit ta décision. Je veux juste que tu étudies toutes les possibilités qui s’offrent à toi, même si tu ne veux pas le garder cet enfant. »

Ma petite soeur semblait vraiment perdue et déstabilisée. D’ailleurs, sa façon de m’annoncer sa grossesse n’avait pas été la meilleure imaginable, mais qu’à cela ne tienne, elle l’avait fait à sa manière, celle qui lui ressemblait le plus. Elle m’expliqua comment le médecin leur avait annoncé la nouvelle et j’étais un peu étonné de sa froideur. « Un peu la même que la mienne actuellement non ? » Je ne voyais pas trop comment ils auraient pu réagir différemment. Je connaissais ma petite sœur par cœur et quand elle me parlait avortement, je me doutais que sa décision était prise depuis le début. J’avais du mal à comprendre ce choix, mais ce n’était pas le mien après tout. Tout ce que je voulais, c’est qu’elle et ce Priam ne regrettent pas leur choix. « Hey calme toi Charlie, une grossesse, c’est pas la fin du monde. Mais c’est vrai que je ne t’ai jamais imaginé devenir mère. J’ai juste pas envie que tu regrettes ton choix plus tard. C’est pour ça que je veux être sûr que tu as vraiment posé le pour et le contre comme il se doit. Parfois sur un coup de tête on décide quelque chose et on le regrette après. Je ne veux pas que ce soit ton cas. » Oui, j’avais tendance à vouloir protéger ma petite sœur. Ce choix qu’elle devait faire allait déterminer de son futur, de toute sa vie. « D’accord… je veux juste pas que tu en souffres. Même si oui, je suis totalement contre cette pratique, mais je ne vais pas t’attacher ici pendant neuf mois le temps que tu accouches et que tu aimes ce petit être qui fait son nid au creux de toi. » Quand j’entendis que ma petite sœur pleurait, je compris qu’elle était vraiment à fleur de peau. Je n’avais peut-être pas été tendre dans mes paroles, pourtant je savais que je me devais de lui dire ces mots-là. Je la serrai un peu plus fort contre moi. « Charlie, je te connais par cœur… Tu dis que ta décision est prise, mais tes larmes me montrent le contraire. Tu as encore quelques semaines devant toi non ? Tu n’as pas à t’excuser… Si je ne suis pas présent dans un moment comme cela pour toi, à quoi est-ce que je sers alors ? Je serai vraiment un frère en papier mâché. Je t’ai dit mon avis, j’accepte ta décision si elle est définitive et tu pourras compter sur Kara et sur moi, ça c’est une certitude. » 

Voir ma sœur désespérée me faisait réellement mal au cœur. D’autant plus à son annonce, qui aurait du être une bonne nouvelle. Pour elle, cela était clairement la fin du monde. Je vois que son monde à elle s’écroulait autour de ses pieds. Je ne savais pas ce que je pouvais lui dire, puisque j’étais personnellement contre cette pratique. D’un autre côté, je ne pouvais pas m’empêcher de penser que c’était sa vie et sa décision. Si elle n’avait jamais songé à avoir un enfant, elle se retrouvait littéralement le dos au mur. Tout ce que je pouvais lui offrir, c’était mon épaule pour pleurer et mes bras pour la réconforter. « Charlie, peu importe ce que tu décideras, ce sera TA décision. Je ne suis personne pour juger ce que tu veux faire de ta vie. Certes, je suis contre l’avortement, mais surtout, je suis pour le bien-être de ma petite sœur. Et si tu me dis que non, tu ne te vois vraiment pas mère, je serai là pour te soutenir jusqu’à la fin, et même après » Les mots sortaient machinalement même s’ils me faisaient mal. Je ne pouvais pas m’empêcher de penser que c’était une erreur que commettait ma sœur, mais bon, j’aurai peut-être une chance en rencontrant Priam de la faire changer d’avis qui sait ? Un homme qui parle à un autre homme peut avoir un autre impact sur une décision comme celle-ci. « Je ne m’attendais pas à ce que tu me lâches une bombe pareil en arrivant à la maison aujourd’hui, mais tu sais que je ferai en sorte d’être toujours de bons conseils pour toi. Malheureusement, je ne pense pas qu’on pourra tomber d’accord sur un sujet aussi sensible. » après tout, je pouvais bien être le meilleur grand frère du monde, vu ce que j’avais traversé pour devenir le papa d’Eileen, c’était difficile de prendre position aux cotés de ma sœur. « Je sais que ce n’est pas facile, que je ne te dis pas forcément ce que tu aurais voulu entendre, mais je ne peux pas faire autrement Charlie… Ce n’est pas toi la fautive ni Priam… Le matériel n’est pas toujours sûr à 100% et on le sait. » je resserrais mon étreinte autour de ses épaules. j’avais beau être dur dans mes paroles, je restais un gros nounours. Quand elle me demanda si Eileen dormait, je me levais en souriant pour aller la chercher. Après tout, peut-être que c’était elle la clé de notre problème qui ferai chavirer le cœur de Charlie. « Je vais la chercher… Charlie, tu serais une maman merveilleuse. La meilleure maman pour ton enfant. On dit souvent que c’est les enfants qui choisissent les parents, je pense que ton bébé t’a choisi toi et Priam pour une raison bien précise… » J’allais chercher la petite qui gazouillait dans son lit. Je la déposais dans les bras de sa tata en souriant. « Que dirais-tu de venir manger un soir prochain avec Priam ? Il serait temps que je le rencontre tu ne crois pas ? »