J’étais tranquillement installée sur ma terrasse, sirotant un thé glacé, lorsque j’entendis mon portable sonner. J’étais bien heureuse de voir le prénom de Marilyne, mais sœur s’afficher. Cela faisait quelques temps déjà que je n’avais pas eu de ses nouvelles, mais je savais que cela lui ressemblait. D’ailleurs, je ne lui avais jamais fait de reproches sur cela. Elle savait que j’étais présente si elle avait besoin de moi et surtout pour du papotage intensif. Je décrochai rapidement

Mais écoute ca va plutôt pas mal et toi ? Tu me prends par les sentiments sur ce coup là… je suis totalement incapable de refuser l’appel des pâtisseries. Je suis à la maison, tu passes quand tu veux, tu le sais bien voyons

C’était bien agréable de discuter avec ma sœur ainé. Je pense qu’on est resté comme cela, à discuter de tout, de rien, une bonne quinzaine de minutes. Tout semblait aller pour le mieux, jusqu’au moment où j’entendis un bruit sourd. C’était comme si Marilyne avait lâché le téléphone

Marilyne ? Tu m’entends ?

La seule réponse que j’eus au bout du combiné, ce sont les aboiements de Krypto. Son chien avait été dressé pour sentir les crises que pouvais faire ma sœur. Ni une ni deux, je me levais d’un bond et courus jusqu’à ma voiture. Si vraiment Marilyne était entrain de faire une crise, il n’y avait pas de temps à perdre. J’arrivais rapidement chez ma sœur. Je me précipitai à l’intérieur, en disant

Krypto, c’est bon je suis là ! Brave chien

Je me mis à la hauteur de ma sœur, faisant les gestes nécessaires pour qu’elle n’avale pas sa langue. Cela pourrait être la pire des choses qui puissent arriver. En parallèle, j’appelais une ambulance, parce qu’elle me paraissait vraiment bien secouée. Je tentais de la réveiller doucement quand même

Marilyne, tu m’entends ? Reste avec moi, je suis là »

Même si ce n’était qu’au téléphone, j’appréciais passer du temps avec ma grande sœur. Heureusement, elle proposa rapidement de venir me voir à la maison, m’offrant des pâtisseries.

Tu sais très bien également que tu n’as pas besoin de trouver quoi que ce soit pour venir me voir. Tu es la bienvenue quand tu le désires. Oui je sais que tu préfères rester chez toi, mais vivre enfermée n’est pas une vie non plus tu crois pas ?

Tout s’était accéléré par la suite et je me retrouvais chez elle, entrain de chercher à la faire revenir de son malaise. Par chance, je l’avais vu en faire plus d’une et je savais comment réagir face à cela. Il n’y a pas beaucoup de personnes qui auraient pu garder leur sang froid en voyant leur sœur convulser. Je ne peux pas dire que c’était habituel, mais je l’avais vu si souvent dans cet état que je savais exactement comment réagir et clairement, céder à la panique n’était pas mon genre. L’ambulance était arrivée et fait les premiers soins pour la stabiliser. Elle me demanda doucement ce qu’il s’était passé. Je déposais ma main sur son épaule

Tu as eu une crise pendant que nous étions au téléphone… J’ai tout lâché pour venir ici et te sortir de ce cycle infernal.

Je voyais bien que ma sœur semblait plus secouée que les dernières fois. Je n’allais en tout cas pas partir en laissant Marilyne seule à l’hôpital. Je dus patienter le temps des scanners et quand enfin je pus la rejoindre, elle s’excusa d’avoir gâcher notre après-midi entre sœurs.

Bah, ce que je retiens, c’est que je ne vais pas avoir mes pâtisseries aujourd’hui… C’est clair que pour le décor on aurait pu trouver mieux, mais t’en fais pas, le plus important c’est que tu ailles bien. Hors de question que tu sortes d’ici avant qu’ils aient fini tous leurs examens ! Oui t’inquiète pas, je l’ai rassuré et calmé. Il a eu une ration de pâté pour le remercier de son travail bien fait.

Je continuais de discuter avec ma sœur quand un médecin vint pour donner les résultats du scanner…

Marilyne avait de gros problèmes de santé, je le savais, mais le fait qu’elle ne veuille pas sortir de sa maison n’était pas bon non plus. d’ailleurs, c’était une des raisons pour lesquelles Krypto faisait partie de sa vie. Mais je pouvais comprendre que sortir de chez soi et prendre le risque de faire une crise devant des inconnus, ce devait être difficile.

Gourmande ! On fera aussi des abdos ensemble pour les éliminer du coup !

Je préférais ne pas relever le sujet de ses sorties, c’était assez difficile pour elle. D’ailleurs, j’eus le droit à une crise en direct. Heureusement que j’avais les réflexes et qu’on se retrouvait à l’hôpital. Je connaissais son dégout pour ce lieu, mais on ne pouvait rien faire. Il fallait qu’on trouve d’où venaient ses crises. C’était difficile à vivre pour tout le monde, surtout pour elle. Quand elle me dit qu’elle avait juste envie d’être normale, je lui pris la main

Tu es normale d’accord ? Je sais que ca te pèse de faire ses crises, mais je suis sûre qu’un jour, on trouvera d’où elle vienne d’accord ?

J’avais attendu patiemment qu’elle passe tous ses examens. Je ne savais pas pourquoi, mais j’avais un présentiment qui me disait, que peut-être, cette fois on parviendrait à la soigner. Je savais qu’elle en avait assez d’entendre toujours les mêmes discours mais bon, il fallait bien tenter. Un médecin entra, je m’écartais légèrement, mais écoutais attentivement quand même son discours. Il semblait assez optimiste que si Marilyne subisse cette intervention, ses crises diminueraient bien. Je ne pus m’empêcher de sourire en entendant cela, même si je voyais dans le regard de ma sœur qu’elle n’était pas convaincue. Une fois qu’il eut terminé, je le remerciais et il sortit, à la demande de Marilyne. Je m’approchais d’elle

Mais c’est une super nouvelle ça ! Tu te rends compte ? Si tu te fais opérer, tu seras un peu plus tranquille… Pourquoi tu fais cette tête ?